vendredi 12 août 2016

Se battre d'abord contre soi-même

Boris Cyrulnik :" Il me semble que, lorsqu’on a été blessé dans sa vie, on est contraint de mettre en place, de tricoter un processus de résilience jusqu’à sa mort. La blessure est enfouie, maîtrisée, transformée, mais elle ne guérit jamais complètement."

Évidemment, ce propos ne parlera pas aux béotiens, mais en interpellera d'autres. J'ai toujours cru aux pouvoirs méconnus du cerveau, et à sa capacité à nous aider à mettre de coté les souvenirs les plus douloureux en les refoulant.
J'ai souvent utilisé des métaphores pour expliquer ma façon de renvoyer dans mes propres abysses, ces traumatismes qui écorchent pour la vie. Ces entraves qui, si on ne les écarte pas du chemin et qu'ils prennent l'essentiel de la place, au mieux . . . empêchent d'avancer . . .  au pire n’appellent que le désir de mourir. J'ai nourri cette envie, et il m'est arrivé de tenter d'en finir . . .

Lorsqu'on parvient à placer un mouchoir sur la honte et la culpabilité, prendre le risque de faire face à l'incompréhension, ou bien à l'incrédulité, rend la confidence impensable.
Dire l'indicible et on se confronte aux paroles blessantes qui ponctuent la confidence . . . on s'effondre, envahi de nouveau par la culpabilité et la honte, puis on s'enferme dans un silence protecteur.

Il m'a fallut souvent serrer les dents et contenir mes larmes, en écoutant des "secrets" qui par leurs similitudes aux miens, rouvraient mes plaies enfouies. Qui mieux que moi pour entendre,  pour comprendre . . . et pour savoir à quel point ces mots dérangent, détournent les regards, éloignent ou isolent.
Mon parcours de vie a été jalonné de phase d'anorexie, de boulimie, de mutilation et autres comportements d'autodestruction. Lorsque les mots sont enfermés, les maux se libèrent . . . Lorsque les cris sont étouffés, le corps parle.

Est ce la raison d'une construction relationnelle en mode "serpillèrattitude" ? est ce le motif inconscient d'avoir été happé par deux hommes écorchés, puisant en moi tout ce qu'ils pouvaient de positif et incapable de proposer autre chose que de la souffrance?
J'avais beaucoup à offrir, et j'ai énormément donner . . . aux mauvaises personnes . . .  frustration = punition. Je ne m'estimais surement pas mériter mieux que ça.

J'ai du laisser remonter en surface les souvenirs enfouis, ceux qui font mal, et qu'on évitent.
Il m'a fallu accepter de les regarder en face, et comprendre que je n'étais pas " responsable " des évènements, cesser de me punir de ce que je n'ai pas voulu, mais subi.
J'ai colmaté mes fêlures.

J'ai fait sauter le dernier verrou, il y a deux ans (comme quoi, le parcours peut-être très long) à l'annonce d'une nouvelle normalement heureuse.
Un voile s'est déchiré tout d'un coup, révélant le dernier évènement douloureux, et entrainant dans son sillage une période de désarroi et de profonde tristesse intérieure.
  
Comme lorsqu'on retrouve sa respiration après une longue période d'apnée, enivrée par cet air remplissant tout d'un coup les poumons . . .  comme un second souffle, une bouffée d'oxygène, une renaissance . . .   le cri du besoin de construire une relation solide, sincère et épanouie prend toute sa valeur et son impératif.

Assurément écorchée, mais dans une rage de vivre qu'un certain nombre n'auront jamais,
je vis pleinement chaque instant, les considérant comme précieux après n'avoir pas su faire une priorité de ces choses essentielles, qui entrainent dans son sillage du positif, et rend le négatif gérable et supportable.
Je prends soin de tout ce qui est fait pour rendre la vie plus agréable et l'entretiens comme on entretient un jardin. Le bonheur se trouve dans chaque fleur qui commence à éclore.

Sam


2 commentaires:

  1. Tu offres à la lecture, un chapitre,de ton livre de vie, très touchant. Tu effleures et on devine, tu suggères et on comprend.

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