Quelques jours après mon précédent post, ma mère s'est endormie pour ne plus se réveiller . . . il m'était difficile de l'écrire jusqu'alors, comme si les mots posés, gravés sur le " papier ", signaient pour moi le coté définitif du manque, de la douleur et de l'absence. C'était finir par accepter son départ . . . et me l'interdire, la faisait exister encore . . .
Il m'a fallu du temps pour estomper la souffrance dû à l’image de cet homme, corbeau de la mort, arpentant ce carré d’herbe, laissant son sablier répandre des cendres à côté de ses pas.
Ma mère disparaissant, se mêlant à la terre dans une trainée de
poussière. Je regardais incrédule, je ne pleurais pas, mais des larmes inondaient mes
joues. Il me semblait que le temps était ralenti, que le corbeau modérait ses pas, et
que chacun d’eux me déchiraient davantage. Cette phrase, ultime cri de
douleur, martelait ma tête et s’éteignait sur mes lèvres : « Maman,
je t’aime »
Ce jour là . . . j'ai dit " Au Revoir " à ma mère.
Chacun entame alors son parcours sur le chemin du deuil, se replie sur sa douleur et sa tristesse. Il y avait en moi, alors, aucune place autre que celle de mes larmes et de mon chagrin mais certainement pas d'espace pour le ressentiment . . .
Ce 30 décembre 2017, restera définitivement tatouer dans mon cœur à l'encre noire, tant pour l'adieu à ma mère, qu'au venin déversé par mon père dans les minutes suivantes, et la vision du sentiment jubilatoire d'une partie de la famille, que je sois humiliée et rabaissée en place publique. Je devinais leur grande satisfaction jouissive de me voir recevoir ce qu'ils jugeaient mérité.
Je n'oublierais pas le concours de mon frère ainé, intervenant auprès de mon père pour qu'il cesse ce déballage venimeux et injuste.
Il me reprochait, de manière très colérique et assez bruyamment pour que l'assemblée présente soit au spectacle, de ne pas être rester coller à eux . . . parce qu'il n'y a pas d'autre interprétation possible de son exigence. J'étais là, bel et bien présente, mais visiblement pas assez proche et pire je n'aurais pas dû m'adresser à qui que ce soit, et payer par un isolement et un mutisme ma prise de distance de ces dernières années.
Il a fini par s'excuser discrètement, chuchotant, me disant en présence de mon frère, qu'il souffrait de l'injustice que nous vivions, reconnaissant que je faisais les frais de sa colère, alors qu'elle ne m'était pas destinée.
Comme chacun, j'imagine, j'ai ressenti la cruauté, et la brutalité de ce départ soudain . . . nous avons tous été choqués, de là à ce que mon père me vocifère sa rancune pleine de haine au visage ! ? ! ?
Mais l' histoire ne s'arrête pas là. Encore sur le coup de l'agression verbale de mon père, s'en est suivi, les jugements à l'emporte-pièce de ma fille ainée, par messagerie, jusque tard dans la soirée. Accusations, reproches, jugements à l'emporte pièce. . . évidemment sans aucun fondement, juste basés sur les dires de mon père. C'est grâce à ces échanges que j'ai pris davantage conscience de tous les mensonges et omissions qui circulaient entre eux, sur mon compte, depuis des mois.
Lorsque je dis "eux", je désigne père, frères et sœur, conjoints, et ma fille ainée.
"Les absents ont toujours tord", dit - on . . . ça a pris tout son sens, là
J'ai eu longtemps la sensation d'être la seule à pleurer ma mère . . . Comment et ou trouvaient ils l'énergie, le temps, la force de critiquer, de déverser leur haine, de juger, d'écrire des missives assassines et mensongères ? ? ? Je n'ai eu aucune place pour l'animosité et la médisance.
J'ai été cherchée de l'aide auprès d’Élise, un soir, en urgence . . . incapable de trouver des réponses, des explications à un tel déchainement familial.
Je pensais bêtement que la peine ressentie par la douloureuse absence de ma mère ne laissait aucune autre place qu'au chagrin.
Élise m'a ouvert les yeux, sur ce que je pressentais depuis longtemps déjà . . . les relations familiales peuvent aussi être toxiques.
J'ai confié à Élise, la longue lettre de mon frère dans laquelle il réécrivait le passé à sa sauce, histoire de me donner tord et surtout se donner raison pour justifier sa missive, ainsi que l'ensemble des échanges mail, ou SMS, reçus de la part de toute la famille.
Je remercie aussi Aza, dont les réponses m'ont apporté une forme d’apaisement dans un moment difficile et mes amis-es . . . Maman, il ne passe pas un jour sans que je ne pense à toi.
Sam